Après avoir constaté que les critiques peuvent parfois se révéler très acerbes à l'égard de Goro Miyazaki, je pense qu'il est néfaste d'établir des comparaisons entre le père et le fils. Dans l'absolu, il faut aller voir ce film en oubliant, autant que faire ce peut, ce lien de parenté si lourd à porter et qui tend systématiquement à rechercher le génie de Hayao dans l'oeuvre de Goro. Certes, Goro est en enfant de Ghibli et je suis certaine que désormais l'héritage de ce studio est entre de bonnes mains, qu'il s'agisse de Yonebayashi ou de Miyazaki fils.

Je détesterai personnellement que l'on cherche à tout bout de champ à retrouver dans mon travail un duplicata de l'oeuvre de mes parents. Goro cherche à se démarquer et il lui faudra du temps et les traces de la vie pour y parvenir. En attendant, ce film procure le charme et la poésie auxquels on pouvait s'attendre. La qualité des détails graphiques est au rendez-vous, je ne me lasse pas de voir Umi allumer le gaz chaque matin ou déposer quelques coquelicots à côté de la photo de son père.

Cependant, si on oublie la rivalité père/fils/fils spirituel, on pourrait sans doute reprocher à Goro, qui dit s'attacher à plus de réalisme, d'avoir laissé son père s'écarter du scénario inital de La Colline aux Coquelicots, le manga shojo de Tetsuro Sayama, en ne conservant finalement que la trame d'une histoire d'amour dans les années 60 tissée sur les séquelles de la guerre de Corée. Le manga, au scénario plus riche, donnant à découvrir un Japon en plein cataclysme social; jeunesse décadente, difficultés financières, révolte, amours interdites, refus de l'autorité etc...

Tout cela a été bel et bien occulté par Hayao pour fabriquer un film plus proche des adolescents et plus idéaliste. Du coup, c'est un peu comme si Hayao avait offert à Goro un tricycle à la place d'un vélo.
Pourtant, Hayao Miyazaki, au travers de son oeuvre onirique, n'a jamais cessé de nous montrer certaines réalités ainsi qu'un attachement profond à l'antimilitarisme (rappelez-vous les bombardiers du Château Ambulant et faisant référence à la vie de Miyazaki et de sa famille, obligés de fuir les bombardements de Tokyo...).

A moins que Ghibli et Walt Disney n'aient jugé, d'un commun accord, qu'il valait mieux ne pas remettre au goût du jour tout ce qui pourrait à nouveau plonger le Japon dans un état d'ébullition...

Bon, il faut aussi prendre en compte le fait que le délai de production était un peu court et que le projet a été fortement perturbé par le tsunami.

Pour ma part, je trouve que les personnages ont tendance à se ressembler. Peu se détachent vraiment, ils sont un tantinet lisses à mon goût même s'ils restent très attachants et émouvants. Un joli film certes mais je suis très impatiente que Goro trouve en lui les moyens de nous offrir des films plus personnels, plus denses et pour lesquels papa Miyazaki n'intervienne pas^^.
VS